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San Francisco, printemps 1899,


A mon retour du Klondike, où j’avais laissé Sourdough à ses trappes, j’y avais trouvé un emploi de livreur de télégrammes.

Fini pour un temps ma vie au grand air, maintenant les seules courses que je faisais étaient celles qui me menées d’habitations en bureaux pour livrer mes plis urgents.


Les rues aux angles trop droits, les constructions trop alignées, étaient devenu mon territoire.

Mais si j’en connaissais à présent les moindres recoins, je n’éprouvais aucun plaisir à le parcourir.

Il succédait aux vastes prairies, aux forêts, aux lacs que j’avais tant parcourus et qui me manquaient.


San Francisco enflait de jour en jour !

De nouveaux quartiers naissaient quasi quotidiennement, et avec eux un flot toujours grossissant de gens affluait.

A croire que la population naissait en même temps que les constructions !!!

Chaque nouveau bâtiment était aussitôt occupé, comme instantanément envahi par de nouveaux occupants.


Cette prolifération me faisait peur !


Comme je regrettais ma solitude, et surtout l’intelligence de la nature, qui par un invisible mais éternel accord avait décidé de faire vivre les deux F sans prolifération suicidaire.

Flore et Faune se régulaient !

La première permettant à la seconde de trouver de quoi subsister, la seconde s’appliquant en retour à réguler la première : aucun excès de part et d’autre.

Et pour empêcher tout dérapage, toute endémie, chaque F avait grâce à ses propres prédateurs, verrouillé sa régulation !


Oh oui, comme mes montagnes, mes rivières mes vallées me manquaient.

Me souvenir des longues journées de chasse avec le vieux trappeur me rendaient nostalgique.

Mêmes ses coups de gueules, et mêmes ses crachats de tabacs qui atterrissaient souvent sur mes bottes me manquaient.

C’est aujourd’hui, loin de tout cet univers, que je prenais conscience que ma vie était là-bas.


J’étais tout à ces pensées, quand ma journée terminée, à peine passé le seuil de la bâtisse où je louais une minable chambre meublée que ma logeuse m’interpella :

- Y a un paquet pour vous !

Plus habitué à distribuer qu’à recevoir des nouvelles, je m’empressais de l’ouvrir sans prêter garde à l’expéditeur.


Quelques mots rapidement griffonnés sur un morceau de papier accompagnaient un couteau.


« Les rivières regorgent de saumons.

Si tu venais, histoire de ne pas tous les laisser pêcher par les grands Grizz.

Je t’ai forgé une lame dans un vieux ciseau à bois…t’as intérêt à rappliquer avec du bon bourbon, je ne supporte plus celui qu’on trouve à Dawson ! »


Comment pouvais-je refuser l’invitation !

Comment ne pas me plier à cette si délicieuse invective signée Sourdough.


A l’idée de retourner dans le Klondike, tous mes sens endormis, frustrés par ma vie de citadin, se réveillaient brutalement en faisant trembler tout mes membres.

Ce n’est qu’après plusieurs profondes respirations que je retrouvais la maîtrise de mon propre corps.

J’empoignais alors puissamment mon couteau, futur compagnon de nouvelles aventures.

Ma décision était prise, j’allais quitter San Francisco…